[Samouraï de Jouvence] Prologue : Désespoir

 — Satanés monstres !

 Zenjirô ne voyait pas comment sortir de cette situation indemne. Un des loups qui se trouvait en face de lui l’avait bien amoché.

 Pour autant, ce n’était pas ça qui allait l’empêcher de venger Kagami. Ce jeune garçon avait toute sa vie devant lui. Ramener la tête du loup qui avait tué leurs fils, le jeune samouraï leur en a fait la promesse.

 Il dégaina son sabre et fonça en direction de la meute de loups. La moindre erreur pouvait lui être fatale. Leurs griffes étaient tellement acérées qu’elles pouvaient le vider de tout son sang en un seul coup.

 Un loup qui était caché dans les buissons, surgit à sa gauche. Le corps de Zenjirô réagit instinctivement et trancha le loup d’un coup sec. L'entraînement intensif de son maître lui a permis de développer cette réactivité.

 — Zeno montre-toi ! Je sais que tu es là !

 Zenjirô tenant son sabre de main ferme, le mit devant la meute. Les loups voyant sa détermination se mirent à reculer, ils n’étaient plus aussi sûrs d’eux.

 Un silence commença à peser.

 Un loup d’une férocité incroyable se dévoila. Celui-ci avait une cicatrice à l'œil gauche. Zenjirô l’attendait.

 — Tu te montres enfin !

 Zeno grogna et ordonna à sa meute d’attaquer. Le jeune samouraï se concentra sur sa respiration et garda son calme. Il comprit vite que sa soif de vengeance n’était d’aucune utilité. C’était cette rage qui lui avait fait perdre sa garde devant un loup.

 Zenjirô ferma entièrement ses yeux. Il pouvait ressentir la présence des loups autour de lui. Cette présence était si précise qu’il savait exactement quand et où frapper. Il trancha sans hésitation les loups venant à lui. En un instant, il réduisa à néant la meute.

 Il ne restait que Zeno. De peur, il commença à prendre la fuite.

 — Tu n’as, en aucun cas, le droit de vivre.

***

— Mon fils ! Mon fils ! Quelqu’un a-t-il vu mon fils ?!

 Un villageois criait. Des larmes coulaient le long de son visage. Il était si attristé qu’il ne pouvait même plus se tenir debout. Le voyant affolé, Zenjirô s’approcha de lui.

 — Que se passe-t-il Monsieur Kanbe ?

 — Mon fils… il n’est pas rentré depuis hier soir. Il avait promis à sa mère malade de lui chercher un remède dans la forêt. Je lui avais pourtant interdit d’entrer dans cette forêt. Zeno est encore dans la région. C’est une folie de s’y rendre seul. Il m’avait assuré qu’il était capable de se défendre grâce à ton enseignement. Sa mère étant sur le point de mourir, je ne veux pas le perdre lui aussi. Je t’en prie Zenjirô, sauves-le.

 — Comptez sur moi Monsieur Kanbe. Votre fils a tant de choses à vivre encore parmi nous. Il n’a pas pu aller très loin, je vous le ramènerai sain et sauf.

 Arrivant à l’entrée de la forêt, le jeune samouraï vit ce qu’il restait du corps de Kagami avec son sabre taché de sang.

***

 Après avoir poursuivi le loup plusieurs minutes, il se retrouva devant une grande falaise. Le loup ne pouvait plus s’enfuir. Zenjirô s’approcha de lui et lui trancha la tête sans aucun remords.

 Portant sa tête avec sa main gauche, le jeune samouraï se mit sans plus tarder en route vers le village.

 N’ayant pas fini de se remettre de la mort du jeune Kagami, Zenjirô était loin d’avoir vu le pire. A quelques mètres du village, une aura maléfique planait dans l’air.

 Une fois arrivé au village, le jeune samouraï resta bouche bée devant la scène macabre qui l’attendait. Il lâcha la tête de Zeno et se mit à courir dans tout le village.

 Tous les villageois étaient si affaiblis qu'il leur était impossible de rester debout. Ils avaient tous vieillis. A tel point qu’on aurait dit des cadavres ambulants. Zenjirô se mit à crier le nom de chaque villageois qu’il croisait mais personne ne lui répondait.

 En continuant de les appeler, certains murmuraient un nom.

 — Ka… zu… mi…

 — Kazumi ?! Qu’est-il arrivé à Kazumi ?!

 Ils ne faisaient que répéter le nom de sa bien-aimée. Si Zenjirô avait un amour inconsidérable pour son village et ses villageois, il gardait une place chère dans son coeur pour sa future épouse.

 Zenjirô continua à la chercher mais sans succès. Il ne la trouva nulle part.

 Remplit de désespoir, Zenjirô se mit à crier. Il ne pouvait plus supporter la scène, il ne pouvait plus courir et appeler chaque villageois. Aucun n’avait la force de lui expliquer ce qu’il se passait.  La seule chose qu’il entendit n’était autre que le prénom Kazumi.

 Tout à coup, un corbeau surgit de la forêt. A son bec se trouvait un morceau de tissu de la robe que Zenjirô avait offert à Kazumi. Furieux, il dégaina son katana et menaça le corbeau.

 — Qu’est-il arrivé à Kazumi ?! Non… Qu’est-ce qu’il se passe ici ?!

 Le corbeau le fixa avec un regard moqueur. Le jeune samouraï attendait une réponse d’un animal dénué de toute parole. Il se rendit compte de sa situation désespérée.

 L’animal s’envola vers la forêt.

 Ayant comme seul espoir de trouver la réponse à sa question, il courra à sa poursuite.