[Sakuya] Chapitre 1 : Soyo entre en scène

Je séjournai dans un hôtel du quartier sensible de la ville. Il était quand même potable comparé à son environnement. Une cinquantaine de chambres avec un bar, et même une salle de sport.

Dans ma chambre, j’avais un lot d’équipement pour assurer mes missions. Mon ordinateur portable me permettait de communiquer avec le quartier général de l’OSSK. Je leur envoie les évolutions de ma mission quotidiennement.

Ma première tentative n’était pas un échec total. La filature dans le maid café m’a fournie un réseau de combats clandestin et une opportunité pour apprendre d’avantage sur Théréo. J’ai décidé de changer mon identité. Passant de Sakuya, la femelle, à Soyo, le mâle, j’augmentai mes chances de tirer un maximum d’information dans cette arène. Et surtout de n’éveiller aucun soupçon auprès de Théréo s’il me croisait.

J’ai commencé par me couper les cheveux, je me suis teint les cheveux en bleu et j’ai acheté des vêtements masculins. Ce qui m’a été le plus difficile, fût de cacher ma deuxième queue. L’OSSK m’a conseillé d’avoir un caractère arrogant afin de mieux m’infiltrer dans ces environnements. Je m’étais donc pris des lunettes, pensant que cela allait m’aider dans cette tâche.

L’OSSK s’était arrangé pour trouver quelqu’un qui allait m’inscrire comme combattant.

Le lendemain, je me trouvais devant l’entrée de cette arène. Elle était située à l’autre bout du quartier, dissimulée au sein d’une boîte de nuit. Le quartier était très animé et illuminé, mais il n’y avait aucun panneau pour guider les passants. Il fallait vraiment connaître l’endroit, ce n’était pas un lieu réservé aux personnes inconscientes.

Une personne m’interpellait.

—Tu dois être Soyo. La patronne m’envoie pour te faire entrer.

—Bien, alors emmène-moi sans plus attendre.

C’était bien un agent de l’OSSK. Elle avait une montre au motif numérique correspondant à celui de la semaine. En effet, chaque semaine, nos motifs de reconnaissance changeaient afin d’éviter toute infiltration dans nos rangs.

—Tu es bien dans ton personnage. Mais fais attention à toi, les combats ici, ça ne plaisante pas. On ramasse des cadavres tous les jours.

—Tu sais très bien à quel genre de personne, tu parles. Dépêche-toi de me laisser entrer.

—Bien reçu.

Ça ne me plaît pas à avoir cette personnalité, mais pour le bien de ma mission, je dois m’y plonger autant que possible. Même avec mes collègues.

On passait par des couloirs étroits. Elle suivait un chemin précis. On aurait dit une fourmilière tellement c’était complexe. On pouvait tomber dans des salles de jeux d’argent ou même dans des chambres roses. Après quelques minutes de marche dans cet environnement sale et humide, on était arrivé à destination.

Une grande salle digne d’un ring officiel.

Il y avait une foule immense. Un combat était déjà en cours. Le sang giclait de partout et la foule était en délire. Je ne pouvais pas voir grand-chose avec le tas de spectateurs présent.

On se dirigeait vers les vestiaires afin de me préparer pour le combat. Mon confrère m’avait apporté de quoi cacher mes traits féminins. Entre autres, une brassière et un short spécial pour ma deuxième queue.

Quelques minutes, seulement, après m’être changée, quelqu’un toqua à la porte. C’était à mon tour de combattre. Je marchais d’un pas lent vers le ring où l’autre combattant m’attendait avec impatience. Il y avait un éclairage agressif, avec toutes les couleurs imaginables. Ce n’était pas qu’un ring, c’était un plateau de divertissement. Je ne m’étais pas rendu compte, mais il y avait de la Keinen Métal qui mettait le public en feu. C’est une salle de boucherie entourée d’hyènes.

En m’approchant du ring, je m’étais rendu compte que mon adversaire n’était autre que la personne avec qui Théréo discutait dans le café. Celui qui avait avalé ma bille. Je devais trouver un moyen de négocier avec lui pour rencontrer le dealer. Donc je ne devais surtout pas le tuer. Bien qu’à cette période, cette option ne m’avait jamais intéressée, un accident peut vite arriver si je ne contrôlais pas ma force.

—À ma droite, celui qu’on surnomme El Diablo ! Invaincu jusqu’à ce jour, Diri…

Le présentateur prit un long temps pour faire durer le « i » de Diri avant de finir par :

— Armstrong !

La foule n'arrêtait pas d’applaudir et de bondir de partout.

—À ma gauche, un outsider du nom de Soyo. On dirait qu’il n’a pas l’air de savoir à qui il avait affaire. J’ai de la peine pour lui.

« Non mais il n’était pas obligé de rajouter ça... » Murmurais-je avec colère.

La foule ne faisaient que rire et me balancer des insultes.

—Je vous laisse vous saluer avant de retourner dans vos coins.

Le public était en train d’acclamer haut et fort leurs héros Diri. Ils n’avaient aucune idée de quoi j’étais capable. Ce genre de mec, je pouvais les détruire sans lâcher une seule goutte de sueur.

—Alors petit, on s’est perdu ? Tu aurais dû rester auprès de ta mère.

Disait-il en s’avançant lentement et en me montrant ses mains comme s’il voulait m’arracher les bras.

—Tu ne sais pas qui je suis. Si tu m’indiques où je peux trouver un homme du nom de Théréo, je te laisserai gagner pour que tu puisses garder le peu de crédibilité que t’as.

Sur le moment où il entendit le nom de Théréo, il était vraiment choqué. Mais une fois qu’il entendit ma critique, il devint rouge.

—Ah ah ah ! Tu me fais bien rire mon petit. Je voulais te tuer, mais finalement, je vais te faire souffrir comme jamais tu n’as souffert.

Diri avait l’air trop confiant. Dès que la cloche retentit, j’ai profité de l’effet de surprise pour courir vers lui et lui asséner un coup-de-poing. Mon coup était rapide mais puissant. Il en avait craché du sang.

Durant mon entraînement au sein de l’OSSK, j’ai appris qu’il ne fallait pas laisser de répit à son ennemi.

Je continuai à donner des coups-de-poing sur son ventre. Il commençait à en être sonné. Pourtant, c’était celui qu’on surnommait l’invaincu. Il tenta de me donner un coup-de-poing, mais je l’esquivai facilement.

Il était mal au point. Pourtant, je n’ai pas lâché mon rythme. Je me suis mis aux coups de pieds afin de varier un peu les coups. Un coup de-pied droit sur ses jambes pour le faire chavirer et un coup de pied gauche sur sa tête.

Cela suffit à le mettre à terre.

Il me regardait avec un air enragé et me chuchotait.

—Donne-moi la victoire et je te dirais tout.

Cette victoire m’importait peu, l’essentiel pour moi était la suite de ma mission.

Il prit tout son temps pour se relever tant bien que mal. Il poussa un grand cri et me courut vers moi afin de me projeter tel un taureau. En fait, j’aurais pu le tuer sur le coup, mais il voulait sa victoire et moi des informations.

Cela me projeta au bout du ring. Je fis semblant d’être K.O. en laissant le jury faire le décompte et annoncer la victoire à Diri.

Quelques minutes passèrent. Je me retrouvais devant Diri dans sa loge. Affalé sur son canapé, il était vraiment mal de savoir qu’il n’était pas le plus fort. Il lâcha un énorme soupir avant de prendre enfin la parole.

—Un marché est un marché. Je vais te dire où il est. Mais avant, j’aimerais savoir pourquoi tu veux le voir.

—Dans le marché, on n’a pas précisé s’il y avait des questions. Il est où ?

—Ok ok, peu importe. Théréo est quelqu’un de très occupé. Il ne fait pas affaire avec n’importe qui. Laisse-moi le temps de passer un coup de fil.

Diri sortit de sa poche un téléphone portable. Il mit son haut-parleur pour que j’entende la conversation.

—Bien le bonjour Diri. As-tu oublié de me dire quelque chose depuis la dernière fois ?

—Je t’appelle pour une faveur. J’ai conclu un marché avec une personne qui veut te rencontrer.

« Mais qu’il est stupide ?! Ou alors il veut me rendre la tâche plus difficile. » Murmurais-je de rage.

Il esquissa un sourire. Sur la ligne, on pouvait entendre un long silence.

—On se connaît depuis un moment Diri. Je pense que tu ne voudrais pas perdre les avantages que je t’apporte alors je vais t’accorder cette entrevue. Dans trois jours à quinze heures, je serais dans la vieille usine abandonnée du quartier nord.

—Merci Théréo. À bientôt.

Il décrocha et rangea son téléphone avec un air malicieux.

—Tu as eu ce que tu voulais. Théréo me permet d’avoir une vie incroyablement aisée, en échange de quelques services de ma part. Si tu le butes, je n’ai plus rien.

—Prépares tes bagages, c’est bientôt le cas.

Diri me regardait avec un visage encore plus rouge que sur le ring, mais il se retenait de dire ou faire quoi que ce soit. En sortant, je sentis qu’il allait tenter quelque chose. En effet, il essaya de me planter un coup de couteau dans le dos, mais je lui donnai un coup de pied sur sa main. Mon coup était si puissant, que sa main en fut déboîtée. Il poussa un cri de douleur tellement fort que les gardes commençait à venir.

—Je suis désolé, je ne voulais pas. Ne me tue pas !

Je sortis sans plus tarder, il ne pouvait plus rien m’apporter d’utile à ma mission.

Je sentais que ma mission avançait à grand pas. Cette bille, qui était tombée sur la mauvaise personne, me fit quand même progresser. Par contre, je savais qu’il fallait que je sois vraiment prudente. Théréo ne se donnera jamais aussi facilement.

J’ai appris grâce au QG de l’OSSK que le lieu de rencontre était contrôlé par le gang des Krups. Heureusement que le service d’infiltration avait des personnes haut placé à l’intérieur de ce gang.

L’on me dirigea vers Tali qui était une des chefs du gang et surtout membre de l’OSSK. Grâce à qui j’ai pu rejoindre le groupe des Krups. La chance était de mon côté, car la couleur de ce gang concordait avec celle de mes cheveux : le bleu. Me teindre les cheveux encore une fois m’aurait vraiment pris la tête.