[Sakuya] Prologue : Première mission

À Xyvern, dans une rue située en plein centre-ville, se trouvait un maid café. Beaucoup

de personnes y venaient spécialement pour son personnel composé des plus belles femmes du pays.

Comme moi, toutes ces femmes étaient des Keinen. Une des deux espèces les plus évoluées de cette planète, l’autre étant les Skyans. Nous avions deux queues et des oreilles semblables à nos ancêtres les renards. Les mâles, quant à eux, n’en avaient qu’une seule.

Cette planète en question se nommait Bordadria. Elle était légèrement en retard par rapport aux autres de sa galaxie. En tout cas, c’est ce que voulait faire croire notre impératrice, Madame Asilia Cardenis. Elle dirigeait notre planète d’une poigne de fer. Grâce à elle, nous avions connu une évolution fulgurante. Ce qu’elle désirait par-dessus tout, c’était de régner sur toutes les autres.

Pour l’épauler dans cette tâche, elle conçut une organisation secrète des Skyan et des Keinen, l’OSSK. Tout son entourage la félicitait pour cette ingénieuse invention. Grâce à cette structure qui travaillait sans cesse dans l’ombre, notre peuple a pu éviter des scénarios catastrophiques. C’était le cœur de la défense de notre population.

J’en faisais partie.

J’ai été enlevée de mes parents comme tous mes confrères. Tous les enfants à l’âge de 12 ans participaient à des tests. Nous avions eu des notes trop prometteuses pour pouvoir continuer une vie normale. Ils nous avaient entraînés sans relâche. Notre seule raison d’exister était de mener notre population à la gloire.

La raison de ma venue dans ce café était la réalisation de ma toute première mission. L’OSSK avait repéré un trafiquant de Quartz sanguinaire.

Inoffensive pour les humains, elle était très dangereuse pour les Keinen comme pour les Skyans. Cancérigène, elle réduisait notre espérance de vie à moitié. Sa circulation était formellement interdite dans notre planète. Vu son coût de fabrication très faible, des malfaiteurs l’utilisaient comme matière première afin de concevoir des objets qu’ils vendaient à des prix très faibles. Combien de fois avait-on vu des morts s'empiler dans des appartements remplis de meubles faits en quartz. La mort survenant généralement deux à trois jours après avoir été à proximité, les malfaiteurs, ainsi, ne se retenaient pas pour dépouiller les malheureux de leurs biens.

Ce trafiquant se nommait Théréo Cloverfield, un humain ayant vécu sur Mars. À le voir, on dirait un parfait gentleman. Mais ses actes en faisaient un parfait tyran.

Assis avec une autre personne sur une table à deux, ils discutaient à cœur joie. Ayant fait quelques aller-retour pour intercepter des morceaux de leurs discussions, ils ne disaient rien de compromettant. Je restais à l'affût pour être celle qui allait réceptionner leur commande.

Dès que je le vis tendre sa main, je m’empressai de le rejoindre.

—Nya ! Prête à prendre votre commande !

Dire cette phrase me rendait vraiment mal à l’aise. J’y ajoutai quand même un clin d’œil en prenant une position mignonne comme ma patronne m’avait appris à le faire. Je ne devais pas lever le moindre doute chez lui.

—Pourriez-vous nous apporter deux cappuccinos milady ?

Il avait un sourire à faire tomber les femmes. Son ton, était semblable à un père bienveillant.

—Deux cafés, comptez sur moi !

Malgré ses habits chics, on ne pouvait passer à côté de sa carrure imposante.

Au bout de quelques minutes, les cafés étaient prêts. À l’abri des regards, j’en profitais pour déverser une toute petite bille dans une des tasses de café.

Je m’avançais vers lui pour lui déposer son café. Mais son regard était perçant. Il fixait la tasse que je lui apportais.

—Vous pouvez servir mon ami en premier.

Je tenais sa tasse dans mes mains. Celle qui contenait la bille. Je devais impérativement la lui donner.

J’hésitais, mais plus j'hésitais et plus cela allait faire tomber mon déguisement. Prenant le risque de faire échouer ma mission, je donnai la tasse à son ami.

—Nya ! Profitez bien de vos cafés messieurs !

—Merci beaucoup milady.

Tout ce que dira cette personne sera enregistré et envoyé sur mon oreillette pendant les prochaines 24 heures. La bille disparaîtra sans qu’il se rende compte de quoi que ce soit.

Je me mis à l’écart afin d’écouter ce que disait son ami.

Il ne faisait qu’acquiescer à tout ce que disait Théréo par des « ouais ». Il avait l’air très intéressé par ce qu’il disait. À l’entendre, Théréo devait lui promettre de grosses sommes d’argent. Mais qu’en était-il de son plan ? Je n’en avais aucune idée.

—Mais c’est pas vrai, je ne peux rien utiliser contre Théréo. Son camarade ne fait que répondre bêtement ! Chuchotai-je dans un coin du café.

Je commençais à perdre patience. De plus, la patronne du café commençait à s’apercevoir de mon absence au service de la table.

Je pensais que tout était perdu, mais son camarade finit par lâcher un commentaire très utile.

—Tu vas te battre ce soir à la salle de combat Bundo ? Excellent ! Je te félicite, je suis sûr que ce combat pourra nous rapporter beaucoup.

J’avais de quoi pouvoir continuer ma mission. Une arène clandestine où se déroulait des combats de catch masculin.

—On va se défouler un peu.